Les plateformes de l'impératrice par Tancrède
Ces derniers mois, toute.s les étudiant.es se sont retrouvé.es confrontés aux plateformes de cours en ligne. Sur Via d’abord, puis quelques problèmes techniques plus tard Teams, Zoom, Discord ou encore, pour ceux dont les profs ont le goût de l’aventure, des dizaines de logiciels de start-ups aux noms tous autant originaux les uns des autres : GoToWebinar, EverWebinar, WebEx, ZohoMeeting, ClickMeeting, JetWebinar, JitsiMeeting… Mais au bout du compte, qui gère ces programmes devant lesquels nous passons tant de temps ?
1) Via
Ce petit icône vert, devenu source d’anxiété pour certains (article à venir), a la particularité d’être le seul logiciel de réunion hébergé l’université. Autrement dit, les flux vidéos des cours ne passent pas par des serveurs d’entreprises externes, mais par ceux de Rennes 1. Ce fait est probablement une bonne chose pour la protection des données personnelles, à ceci près que ces serveurs (et les financements) ne sont pas à la hauteur, et limitent le nombre de place dans chaque cours à 300, ou environ 150 lorsque trop de cours ont lieu en même temps. Mais permettre à seulement la moitié d’une classe d’assister aux cours, ne serait-ce pas augmenter la compétitivité dans l’enseignement et la recherche que le gouvernement ne cesse de louanger ?
Dans tous les cas, ce bijou de la Quebec-Tech a permis à l’enseignement de Rennes 1 de se propulser au XXIe siècle, malgré le fait que le logiciel soit basé sur des technologies dépassées (Adobe Flash et Windows server 2008 notamment) et donc vulnérables aux attaques de hackers. Cela n’empêche pas le site de Rennes 1 de préciser que Via est la seule plateforme de cours en ligne sur laquelle il est permis de travailler sur des projets à diffusion confidentielle.
2) Zoom
Comme souvent quand les services publics sont à la peine, on se rapatrie sur l’infrastructure privée. Le titan actuel du distanciel, actuellement c’est Zoom, avec 200 millions d’utilisateurs quotidiens et 600 millions de dollars engrangés grâce aux entreprises qui utilisent la version premium. Les raisons sont compréhensibles : la plateforme est simple à utiliser, moins chère que les alternatives, et fonctionne sans problème.
Mais elle souffre néanmoins de grosses failles de sécurité : l’entreprise a menti à de multiples reprises en affirmant que les communications étaient chiffrées de bout en bout, a envoyé des flux de données d’utilisateurs occidentaux par la Chine accidentellement – ce qui n’a pas été très bien vu dans un contexte de guerre économique entre la Chine et les États-Unis – et permet à n’importe qui de rejoindre les réunions à condition de disposer des bons identifiants. Ces problèmes ont bien été illustrés lorsque un journaliste néerlandais s’est infiltré dans une réunion confidentielle des ministres de la défense européens sur Zoom, en en ayant trouvé les identifiants sur une photo postée par l’une d’entre eux sur Twitter.
3) Microsoft Teams
Dernier logiciel de cours en ligne dont l’usage est proposé par l’Université, Teams est offert par Microsoft à tous les établissements d’enseignement supérieur de France, par le biais de la suite Office. Le but de cette offre n’est pas de faire la charité, mais de fidéliser la clientèle de l’entreprise le plus tôt possible : les étudiant.es des facs qui l’utilisent s’habituent à l’écosystème office, qui propose énormément de services compatibles entre eux : les présentations de Microsoft PowerPoint sont diffusables facilement dans Microsoft Teams, les documents Microsoft Word peuvent être enregistrés sur Microsoft OneDrive, et être édités par tout un groupe de travail simultanément… De manière à ce qu’une fois leurs études finies iels continuent à l’utiliser par habitude, en payant désormais.
La généralisation de l’enseignement distanciel a créé un besoin nouveau de plateformes de vision-conférences, auparavant surtout utilisées en entreprise. Ce nouveau marché a été rapidement récupéré par des mastodontes du secteurs, car, comme on l’a vu dans le cas de Via la création d’un tel outil demande beaucoup de maintenance, ce qui donne un avantage aux grandes entreprises possédant déjà une grande infrastructure. De nombreuses voix se sont élevées en faveur de l’usage d’alternatives libres par les institutions publiques, pour ne pas dépendre de grandes entreprises étrangères, mais leur adoption reste marginale, souvent parce que ces les outils que proposent dernières sont tout simplement plus ergonomiques, et souffrent de moins de problèmes du fait des sommes énormes qui y ont été investies.