Tempête sous leurs crânes: les lycéen.ne.s & le couvre-feu par Robin Pinault
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On a interviewé trois filles et deux garçons d’un lycée aux alentours de Rennes, tous avaient entre 17 et 18 ans. On leur a posé des questions à propos du couvre-feu, pour avoir l’avis de jeunes gens qui ont des horaires assez pénibles. Eux en l’occurrence commençaient leurs cours à 8H30 et finissaient à 18H de lundi à vendredi ; et le mercredi, ils travaillent de 8H30 à 12H30. Ils n’ont donc que les week-ends pour profiter réellement de leurs journées, et encore …
« Je me sens beaucoup plus soucieux, stressé et irritable aussi »
Le samedi 16 Janvier, toute la France métropolitaine s’est vue instaurer un couvre-feu à partir de 18H, avec une possible amende de 135€ si non respect de ce dernier. Mais pour les lycéens et étudiants, c’est une demande difficile à respecter ; nous sommes donc partis leur demander ce que cela impliquait.
« Qu’est-ce que le couvre-feu vous empêche de faire ?
– Yann : Journée, c’est que les cours, pas d’autres distractions (soit tu révises, soit t’es trop crevé pour faire quelque chose ; pas de sport, pas de balade possible, beaucoup de repos en moins en fait, très pesant pour le mental. Cours de volley impossible parce que c’était après les cours.
– Élise : Je fais du volley depuis 5 ans, et là c’est plus du tout possible d’en faire.
– Léon : Voir ses potes après le lycée, c’est devenu compliqué. Je ne peux plus non plus faire de sport : je faisais du basket, j’allais courir et je faisais aussi de la muscu après 18H donc c’est devenu pesant.
– Gwennan : Je finis les cours à 18H, et le temps que je rentre à la maison, il est 18H30 donc j’avais pas le temps de sortir le soir. Mais sinon, le mercredi ou le WE, je sors voir mes potes l’après-midi ou je vais dormir chez eux le soir. Mes entraînements de foot ont été décalés le samedi matin, donc on a pas trop de problèmes à ce niveau-là.
Est-ce que vous pensez que le couvre-feu affecte votre humeur ?
– Yann : C’est sûr ! Je me sens beaucoup plus soucieux, stressé, et bien plus irritable aussi.
– Lilou : Je ne vois plus mes amis, donc on peut dire que ça me rend un peu triste. Voir mes copains me fait plaisir, donc oui, le couvre-feu affecte à mal mon humeur.
Est-ce que ce nouveau couvre-feu à partir de 18H est synonyme de confinement ?
– Yann : C’est assez bizarre. On va quand même au lycée, c’est que la partie pénible du confinement, d’une certaine manière, en fait. Tu as la masse de travail en plus. Tu es juste enfermé dans ta vie de lycéen.
– Élise : On a cours de 8h30 à 18H toute la semaine. Donc on a encore nos WE, on a encore un peu une vie sociale.
– Léon : Cela dépend duquel. Du premier, non ; mais du deuxième oui parce qu’on sort que pour aller au lycée quasiment. Donc synonyme du deuxième confinement, oui mais pas du premier.
– Gwennan : Un petit peu parce que on confine les gens en quelque sorte : ils ne font que « travail, manger, dodo ». Enfin, ils doivent rentrer à 18H, c’est pas cool. Ceux qui travaillent toute la journée et qui doivent faire les courses, c’est pas pratique donc ils doivent les faire le samedi. Ils n’ont plus le droit de sortir voir leurs amis, de boire un petit verre dehors avec eux. On pourrait parler de « confinement » pour certaines personnes, en effet. La Bretagne est une région très peu touchée par le COVID alors qu’en région parisienne ils le sont beaucoup plus, et ils font pourtant moins attention. À Cesson-Sévigné, il y a zéro cas donc pourquoi instaurer un couvre-feu à 18H alors qu’il ne sert à rien ? Non, ce n’est pas vraiment nécessaire dans certaines régions.
– Lilou : Un peu, parce que quand même, je ne peux pas sortir à partir de 18H. Je ne peux pas aller voir mes copines, il est synonyme de confinement juste à cause de ça en fait. Je trouve ça un peu inutile de mettre en place un couvre-feu en Bretagne alors qu’on est une région qui est très peu touchée ; l’Île de France devrait en avoir un plus important pour faire baisser leur nombre de cas. »
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