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ELLE ou Rainbow is bleeding

 

(Inspiré d’un épisode de « New York Unité Spéciale », le premier à m’avoir fait pleurer !)


 

         J’avais assisté à sa métamorphose avec une joie délectable : je l’appelais mon papillon ! C’était déjà une belle chenille ! Son nom serait « Elle » ! Ça lui paraissait logique d’avoir le prénom le plus féminin au monde !


 

         Elle travaillait chez Papa, le Cabaret des « femmes à prostate » comme il les appelait avec tendresse !

         On savait vaguement qu’il avait eu un fils… Mais il n’en parlait que par allusions ! D’où le nom de son cabaret « Chez Papa » !

         Du coup, Papa avait décidé de reprendre un bar miteux et d’en faire un lieu de spectacles avec des trans pour leur éviter les dangers de la prostitution et bien d’autres ! C’était assez dur comme çà d’être femme née dans le corps d’un homme !

         Mon propre parcours fut long bien que née fille ! Alors mes copaines, n’en parlons pas !

         « On ne naît pas femme, on le devient » prenait tout son sens !

         Une Clinique spécialisée accueillait ces magnifiques créatures de Dieu.

         On avait partagé sur un réseau social un dessin où une chenille disait : « Je suis un papillon ! » Mais le papillon lui répondit méchamment : « Non ! Tu es une chenille ! » Donc « notre » centre de soins pour Dysphorie du genre fut rebaptisée « la Clinique à papillons » !

         Toute l’équipe médicale l’apprit et lança un concours de dessins pour colorer les murs blancs du Centre où allait Elle. J’en fit un.

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         On l’a retrouvée au petit matin, à l’arrière du Cabaret, morte, étalée de tout son long sur ce trottoir bien connu des ripeurs. Je me portais volontaire pour l’identifier à la Morgue où la Légiste me dit : « Mort par strangulation ! C’est dommage ! » J’avais remarqué sa pomme d’Adam enfoncée ; elle devait être opérée dans une quinzaine de jours ! C’est à cet endroit que je lui mettais tous les soirs sa Star Powder comme touche finale à son maquillage. C’était mon  privilège !

         On achetait notre maquillage chez «  M’sieurs Dames » qui avait une boutique sur l’Avenue : nos serveurs Drag Kings y achetaient leur colle à postiche faites de leurs cheveux, les transformistes et les Drag Queens avaient aussi tout un rayon complet! En tant que femme hétéro cis genre, je trouvais mon bonheur aussi ! Sauf que je ne payais rien car notre joyeuse bande me faisait des cadeaux ! Parfois, on y croisait des Sœurs de la Perpétuelle Indulgence en manque d’un cent-cinquantième pinceau ! Et là ça causait pas mal ! Du coup on allait au bar en face chez mon ami pour continuer nos conversations !

         D’ailleurs c’est comme cela qu’il a fait son coming out envers nous : on croyait qu’il était hétéro ! Ce qui se fait rare dans mon entourage ! Au fait, ça mange quoi un hétéro ? Des croquettes ?


 

         La Police nous interrogea sur les moindres détails de ses faits et gestes. Un flic en particulier : que je fréquenterai après le boulot dans le Bar tenu par mon ami ; je ne rajoute pas le mot gay car dans mon dictionnaire personnel c’est un pléonasme !

         Lui- Ça va ? Enfin…. Tu es heureuse ?

         Moi- Pour Elle, il faut continuer de célébrer la vie ! Chaque jour est une fête ! Lehaïm !

         Moi- A mon ami -Et la bonne nouvelle du jour c’est quoi ?

         Lui- Plusieurs : mon compagnon va prendre le Preps et on va avoir un chat bientôt !

         Moi-Ah oui j’oubliais : les hommes ont des chats et les lesbiennes ont des chiens ! C’est dû à vos pratiques sexuelles ?

         Inspecteur- Peut-être que le félin exprime la part féminine des hommes et les canidés celle du masculin chez les femmes ! Je pense… Mon fils est gay et a un chat avec son compagnon.

         Moi- Bien vu !

         Mon ami- Et on parle mariage… Et on te veut comme témoin tous les deux ! Alors on se bagarre et ça finit dans les plumes!

         Moi-Je serai ravie d’assister à vos Noces ! Prévenez-moi ! Je vous habillerai c’est mon cadeau ! Voilà mon drame : je ne déshabille plus les hétéros et j’habille les homos !

         Éclats de rire général.

         Lui- On peut louer ton restaurant professionnel ?

         Moi- Oui ! Bien sûr Sexy boy !

         Lui- Toujours l’altérité ma puce ?

         Moi- La seule richesse de ce pauvre monde ! Où veux-tu qu’un autiste féru de pliage de serviettes aille? Ailleurs que chez moi ? Il n’irait pas bien sinon ! Il m’apprend même l’art des origamis pour créer des luminaires agrémentés de papier d’alu  pour le Réf’ !


 

         Effectivement j’étais à la tête d’une usine textile qui embauchait des seniors en binômes avec des juniors et des handicapés gérés par un Créole pour le restaurant…. Ça marchait bien ! Je me devais juste d’avoir de l’inspiration pour qu’ils aient du travail !


 

         L’enquête suit son cours … Je tombe amoureuse du Policier… Quelques agressions anti-LGBTQI+ en toile de fond car le dossier « Elle » est le fil rouge. « La Mairie ayant une politique implacable de ce genre de discriminations est très investie au niveau de la répression et des suites judiciaires ! »

         Un couple d’hommes s’est fait tabassé dans la rue pour s’être donné la main !

         Mon Policier m’explique : «  Ils ont fait attention à ce que personne ne les voit et un groupe d’homophobes a surgi dont on ne sait d’où et voilà ! »

         Je pleure de rage ! Il me console : «  Deux gueules d’anges en plus… Je ne les ai pas reconnus sur leur photo d’identité ! Malgré le boulot des Urgentistes ! Allez ! Ne pleure pas ! Je retrouverai ceux qui ont fait ça ! Ce sont eux les vrais enculés ! » Je rigole à ses mots ! « Enculé ! » quel mot homophobe à la con ! Et si cela devenait une simple invitation ?


 

         Un soir, je bois une coupe de Champagne avec Bambie : je me sens mal… Très mal ! Je glisse du comptoir et me réveille à l’Hôpital ?

         Je suis positive à la « drogue du violeur » ! Je n’ai aucune trace de violence ! Juste le sperme qui date de deux jours et du lubrifiant chauffant : du « qui-glisse à l’harissa » comme dit ma copaine Bambie qui travaille avec moi chez Papa!

         Mon Policier a fait l’examen ADN pour son sperme : c’est bien le sien ! Donc pas d’agression! « Mais cela fait quand même trois jours maintenant que l’on ne l’a pas fait ! Hein Chéri ! »

         -Oui ma Douce ! »

         Il m’apporte café, thé et chocolat avec des gâteaux ! Je dois rester à l’Hôpital pour me reposer ! Je m’en vais car je ne veux pas occuper un lit pour cela ! Mon Policier me ramène chez lui ! Il est en congés et il va être aux petits soins pour moi !

         J’ai un doute : la coupe de Champagne que j’ai prise était destinée à Bambie ! Qu’est-ce-qui se trame chez Papa ?

         Il est furax : « Ils peuvent pas laisser mes filles tranquilles !  Déjà que je les protège du tapin et ses risques ! Après Elle… Bambie ! Pourquoi on cherche à nous détruire ? »

         J’en parle à mon Policier !

         Il me pose des questions sur les habitués qui viennent au spectacle : « Ce sont surtout le personnel de la « Clinique à Papillons) qui viennent voir leurs patientes se transformer : des Médecins et autres… Même les ASH viennent se divertir !

         « C’est cool alors ! » me répond-il !

         -Oui ! On est une tribu, une grande famille !


 

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         Conclusion: C’est une Infirmière de la «  Clinique à Papillons » qui a commandité le meurtre !

         Son homme de main ? Son mari ! Ligne de défense : « Oui, c’est nous ! Elle allait faire la couv’ de tous les grands magazines de mode alors que c’est un mec qui se prend pour une femme ! MOI, JE suis une femme ! Une vraie !

         Plutôt petite et boulotte, elle a tué par jalousie !

 

         Elle, notre « chenille », allait se faire opérer de la pomme d’Adam et devenir le premier Top Model Trans au monde!

 


 

FIN

 

         La transphobie tue encore à l’heure actuelle ! Transi s beautiful !

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